Ma vie n'avait rien de spécialement exceptionnel. J'ai vécu toute mon enfance entourée de personnes à l'amour débordant, qui m'ont toujours considérée comme étant une véritable petite princesse. Mes parents avaient toujours cédé au moindre de mes caprices, et même l'arrivée de ma petite sœur ne changea rien à tout ça, que du contraire. Ayant toujours été chouchoutées à part égales, sans que nos parents ne fassent de différence entre elle et moi, nous avons toujours été spécialement proches. Du moins aussi proches qu'une famille sorcière vivant à San Francisco pouvait l'être.

Je ne m'attendais pas à ce que tout puisse changer du tout au tout à l'arrivée d'Alec, il y a bientôt trois mois. Enfin, non. Pour être plus précise, les choses ont changé à l'annonce de ma grossesse, alors que j'avais dix-huit ans depuis seulement quelques jours. Dans le lycée où je me trouvais, c'était plutôt mal vu de sortir de la normalité et les filles ne pensaient strictement qu'à trois choses : la jeunesse éternelle, les sorties et passer du temps entre amies. Forcément... même pour ma bande qui n'avait pas pour habitude de moutonner l'avis des autres, savoir qu'une des leurs allait devoir revoir ses priorités en les laissant un peu de côté ne leur plut pas le moins du monde. Moi qui avait juré de ne pas les abandonner et de toujours être là pour elle, j'étais prête à respecter ma promesse mais je n'en eus pas l'occasion : ce fut elles qui me lâchèrent du jour au lendemain.

Le pire restais néanmoins à venir. Hormis ma cadette, tout le monde avait commencé à me tourner le dos en murmurant des injures sur mon passage. J'étais officiellement devenue la traînée de l'école. Quelle honte pour une fille de bonne famille d'avoir un enfant avant même d'avoir terminé ses études, ayant loupé une année ou pas. Il me restait néanmoins mon petit-ami, le père du futur enfant, qui, lui, était scolarisé dans un lycée plus loin que le mien. Il ne semblait pas avoir entendu parler de la rumeur grandissante à mon sujet et, craignant sa réaction en voyant celle des autres, je décidais de déménager avec ma soeur lorsque j'eus atteins les quatre mois de grossesse, ne donnant plus aucune nouvelle ni à mon copain ni aux trois-quatre personnes étant restées présentes pour moi. Ma frangine, elle, avait décidé de quitter la maison familiale avec moi en apprenant la destination où je me rendais : Mystic Falls. Pour elle comme pour moi, une vie nouvelle s'offrait à nous dans cette ville et à en juger par le nombre de créatures surnaturelles y habitant, nous n'aurions probablement pas trop de mal à nous y intégrer.